Grain de sable

L’astre solaire monte dans le ciel, se parant d’orange puis de jaune, prêt à faire rougir les vacanciers. Il prend position dans le ciel bleu azur où les nuages ont déserté depuis quelques jours.

Le parking de la plage, situé entre le camping et l’hôtel vacances, est encore vide à cette heure-ci. Entouré de haies, il empêche la mixité des classes sociales. Un petit chemin dunier permet de se rendre sur la plage.

Venant troubler la paisible matinée, une voiture arrive sur le parking. Fumante, sa toux rauque et noire déchire l’air. La voiture, à la peinture sans éclat, rouillée par l’air salin, se dirige sans hésiter au milieu du parking. Le véhicule s’arrête, mais se remet en mouvement. Il fait de petits mouvements d’avant en arrière, s’y reprenant à plusieurs fois avant de s’immobiliser définitivement sur ce qui semble être le centre parfait de la place centrale du parking. Bien parallèle aux lignes.

Le moteur éteint, le jeune homme au volant dégaine sans attendre son smartphone de la poche de sa chemise. Quelques glissements et tapotements de doigts plus tard, il sort du véhicule, claquant violemment la portière grinçante.
Il s’étire en passant une main sur son crâne rasé.
Il ferme les yeux, humant l’air marin.

Le calme revenu depuis son arrivée est à nouveau troublé. Un bus, en guère meilleur état que sa voiture, arrive. Les freins gémissent, relâchent un son strident.

Une femme vêtue de noir avec un grand chapeau de paille en descend. Le chapeau passe tout juste entre les portes. Elle regarde alentour, s’arrête un instant sur le jeune homme en affichant un grand sourire et s’engouffre à travers la haie, empruntant un petit chemin dallé en direction de l’hôtel. Trois autres femmes descendent à leur tour. Elles n’arrêtent pas de piailler, semblant ne pas s’écouter les unes les autres. Elles disparaissent rapidement en direction de l’hôtel.

Le jeune homme jette un coup d’œil rapide à son téléphone.

Un SUV, flambant neuf, arrive. Il s’immobilise en travers de plusieurs places. Un retraité en sort et sans attendre va ouvrir son coffre. Un berger allemand passe la tête et saute sur le goudron.
Le chien regarde à droite, à gauche, en pointant le museau en l’air, et se met à trottiner, se dirigeant droit vers le jeune homme.

– Stop ! Viens ici, Mabrouk !

Le chien se fige immédiatement. Son maître attrape la laisse qui traîne au sol à la suite du chien, et l’entraîne vers la plage.
Le binôme passe à proximité du jeune homme. Le berger allemand aboie dans sa direction en tirant sur la laisse. Surpris, son propriétaire se laisse un peu entraîner, mais le retient. Le retraité lance un sourire de courtoisie au jeune homme avant de traîner l’animal à sa suite.

Le jeune homme regarde l’heure sur son smartphone et se dirige à son tour vers la plage. Il emprunte le petit chemin dallé de bois à travers les dunes. Il a le sourire aux lèvres, le temps est au beau fixe, l’air vivifiant.

Son air satisfait disparaît. Il vient de poser le pied sur une substance molle, encore chaude. Sa chaussure fume. De la vapeur remonte de sa semelle.
– Et merde !

Il entend une voix dans son dos.
– Si c’est le pied gauche, ça porte bonheur. Je crois.
Il relève la tête et voit un homme arriver avec deux petits gobelets fumants, tenus du bout des doigts.

…

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