À couteau tiré

Le décolleté de l’hôtesse d’accueil hypnotise Robbie. Penchée au-dessus de l’arrière comptoir, elle se redresse et leurs regards se croisent. Il revient à lui et rougit.
– Voilà, je vous rends votre pièce d’identité Monsieur… elle jette un coup d’œil rapide à la carte… Merle, et je vous souhaite un bon séjour au camping.
– Appelez-moi Robbie. Ça sonne américain, mais ça vaut toujours mieux que Robert.
Il sourit et elle fait de même.

Il empoigne son sac à dos et le jette sur ses épaules.
– Il a voyagé votre sac dites-moi.
– M’en parlez pas, ces vieux sacs on voit bien qu’ils ont vécu, mais ils tiennent la route, c’est du solide.
Il accompagne ses paroles en tapotant dessus. Un fin nuage de poussière s’en élève et se répand dans la petite pièce. Il toussote. Robbie prend un air désolé. Elle lui sourit.

Il se dirige vers la porte vitrée du cabanon.
– Ah… Robbie, j’allais oublier. Faites attention à vos affaires, on m’a signalé des vols ces derniers jours. Pendant la nuit. Ne laissez pas votre tente sans surveillance.
– Il n’est pas né celui qui me volera. Merci quand même.
Inconsciemment, il tire sur les lanières de son sac, le collant un peu plus à son dos.

Robbie se retourne à nouveau vers la sortie et marque un temps d’arrêt. Derrière la porte vitrée, un homme au teint blême se tient raide comme un piquet. L’homme le dévisage. Sous l’effet de la surprise, Robbie ressent un petit pincement au cœur.
Il se ressaisit et ouvre la porte. L’homme s’écarte juste assez pour le laisser passer. Sans un mot, les deux hommes se jettent un regard glacial. Il entre à sa suite.

Robbie frissonne, ses poils se dressent.
– Il ne m’inspire pas confiance celui-là, dit-il à mi-voix, comme il a pris l’habitude de le faire après des années de vie solitaire sur les routes.

Robbie chasse le sinistre personnage de son esprit et jette un coup d’œil vers le ciel.

…

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