À perdre la raison
Horreur en ménage
Qu’il est doux de ne pas avoir tort ! Qu’il est bon d’avoir raison !
Une soirée endiablée où vous vivrez pour le jeu, vous ne penserez plus qu’à une chose, avoir raison.
Un jeu de questions-réponses avec remise de prix immédiate. Tout pour devenir accroc en peu de temps.
Les questions s’enchaînent, les récompenses aussi. Les prix deviennent rapidement intéressants, font tourner la tête, jusqu’à atteindre des sommets vertigineux de volupté.
Mais faites un faux pas et c’est la descente aux enfers !
Le 1er prix ? Répondez correctement sans jamais vous tromper pour le découvrir et passez à la postérité.
Dans votre quête, vous partirez à la découverte de plaisirs insoupçonnés, mais faites attention à ne pas perdre la raison.
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Les fantastiques nouvelles
Extrait
À perdre la raison
« Tchac ». Le couperet tombe, coupant bien net le concombre. Sophie reste silencieuse. Son poing se resserre autour du manche du couteau. Elle s’appuie des deux mains sur le plan de travail central en rentrant la tête dans les épaules. Elle prend une grande inspiration, et expulse un long soupir d’exaspération. Agacée, elle se tourne vers son mari.
Daniel fait face à la grande baie vitrée de la cuisine, qui la nuit venue se transforme en un grand miroir. Il se regarde parler. Il tient une canette de bière à la main.
– Mais… c’est pas possible ça ! Tu veux toujours avoir raison ! Daniel…
Daniel se tourne vers Sophie. Il imprime un léger mouvement de recul involontaire. Son instinct de survie vient de déclencher le pilote automatique. Elle ne l’appelle Daniel que lorsqu’il l’a irritée.
Sophie agite le couteau en tout sens, pointant inconsciemment la lame accusatrice sur Daniel.
– … je n’aime pas te dire ça, mais tu m’énerves ! Pourquoi tu ne me crois pas ? Ma parole ne suffit pas ?
Le regard inquiet, Daniel suit la trajectoire chaotique du couteau.
– Écoute, Sophie chérie, ce n’est pas son genre. Je ne suis pas convaincu, c’est tout.
Sophie fronce les sourcils. Elle déteste quand il l’appelle Sophie chérie pour l’amadouer. Elle a tout autant en horreur son léger sourire en coin, imperceptible pour qui ne le connaît pas.
Mais, regarde-le avec son petit air effronté… Il sait qu’il a tort, mais il veut que je lui fasse la preuve par neuf. On ne sait jamais, dès fois que je baisse les bras.
Sophie claque le couteau sur la planche de travail.
Daniel déglutit bruyamment. Perdant de son aplomb face à l’emportement de Sophie, il prend une rasade pour ne pas rester les bras ballants.
– Il n’y a pas à être convaincu ou non, dit Sophie. Ce sont des faits. Si je te dis que ta sœur Anaïs trompe son mari…
– Il me faut plus que des paroles, la chose est trop importante, c’est tout. Je ne la vois pas faire ça. D’où tu tiens ça ? Tu les as vus ?
Le sang monte à la tête de Sophie, ses joues rosissent.
Mais, il n’abandonne jamais. C’est tout lui. Sa pseudo virilité qui l’oblige à avoir le dernier mot, à défaut d’avoir raison.
– Non, je ne les ai pas vus, mais…
– Alors ! Qu’est-ce que tu m’embêtes ! Ce sont des foutaises.
– Non, je ne les ai pas vus, mais j’ai mieux que ça. Suis-moi !
…
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